23 avril, 2025

Intervieweur : Marcel Fisette
27 mars 2025
Marcel Fisette : À l’occasion du Mois de la francophonie, j’aimerais souhaiter la bienvenue à Andrew Terhoch et Samantha Wells. Merci à vous deux d’être ici avec nous aujourd’hui. Pourriez-vous nous faire part de votre titre professionnel, votre rôle à St.Amant et depuis combien d’années vous travaillez pour l’organisme?
Andrew Terhoch : Je m’appelle Andrew Terhoch et je suis praticien de la santé spirituelle de la communauté de St.Amant. Je fais ce travail depuis un peu plus de sept ans et ça fait 15 ans que je travaille à St.Amant. Avant d’occuper ce poste, je travaillais ici tous les jours en tant que praticien et conseiller privé, soutenant les services de thérapie, la massothérapie ainsi que l’élaboration du programme de pleine conscience pour la formation du personnel.
Samantha Wells : Je m’appelle Samantha Wells. Je travaille en tant que réceptionnaire depuis 10 mois environ. Cependant, je suis passée par plusieurs services. J’ai commencé en cuisine, où j’ai travaillé pendant huit ans, avant d’intégrer le service d’entretien ménager. Ça fait onze ans que je travaille à St.Amant.
MF : Qu’est-ce qui vous a incité à apprendre le français et quelle influence cela a eue sur votre rôle au sein d’un organisme bilingue?
SW : Je suis fascinée par les langues depuis que je suis toute petite. Il existe tellement de façons de communiquer et devoir être confronté à la barrière de la langue peut être très frustrant. J’ai toujours aimé apprendre ainsi que parler en français et, franchement, j’aurais souhaité commencer à utiliser les services en langue française de St.Amant plus tôt. Apprendre le français m’a fait réaliser à quel point l’offre active est importante.
AT : De mon côté, le fait de travailler dans un organisme bilingue et de vivre au Manitoba, il y a toujours une possibilité que je croise des gens dont la langue maternelle est le français, que ce soient des collègues ou des personnes que St.Amant soutient. En objectif en apprenant le français est d’être respectueux envers cette partie française de l’identité d’une personne. Même si je ne suis pas encore bilingue, proposer l’offre active montre que j’accorde de l’importance à leur langue et cela permet de créer un espace chaleureux. Je suis aussi capable d’orienter les gens vers d’autres ressources en français le cas échéant.
MF : Quels sont les défis que vous avez rencontrés en apprenant le français et quelles stratégies vous ont aidé à progresser?
AT : La plus grande difficulté pour moi c’est que je pense en anglais et que j’essaie de traduire dans ma tête avant de parler, ce qui me ralentit. Je fais des progrès, mais traduire en temps réel pendant les conversations est difficile, surtout quand je parle avec des personnes qui parlent couramment français. Pour progresser, j’écoute la radio en français, j’utilise des applications comme Duolingo et je prépare des phrases clés avant les réunions ou conversations. J’ai aussi tiré profit de mes conversations avec Colette, ce qui m’a rendu plus confiant et m’a encouragé à discuter plus régulièrement avec des collègues francophones.
SW : La conjugaison des verbes, que ce soit au présent, passé ou futur, représente un défi pour moi. J’essaie de progresser en pensant le plus possible en français. Je me parle à voix haute, et je parle même parfois en français à mes chats! J’essaie aussi de me parler intérieurement en français, énumérant les choses que je dois faire aujourd’hui pour pratiquer. Comme Andrew, je discute avec mes collègues bilingues et francophones, et j’envoie souvent des messages sur Teams en français pour pratiquer. Je parle même parfois en français à mon mari qui ne le parle pas, mais je pense qu’il apprend!
MF : Auriez-vous une anecdote dans laquelle l’usage du français a eu un effet significatif pendant un échange avec des collègues, des personnes que vous soutenez ou leurs familles?
SW : Utiliser le français au travail m’a fait réaliser que beaucoup de mes collègues le parle. Plus je me lance dans des conversations en français, plus je prends de l’assurance. Un moment mémorable à mes yeux est le jour où j’ai commencé à envoyer des messages en français à mes collègues sur Teams. Comme je suis une personne visuelle, voir la langue écrite m’aide. Je demande aussi à Colette d’épeler des mots pour moi, ce qui m’aide à les graver dans a mémoire.
AT : Pour moi, c’est le fait d’envoyer des textos en français à mon voisin francophone qui représente un moment à la fois drôle et significatif. Il a été surpris et ravi que je commence à communiquer en français avec lui. C’est devenu un petit plus amical dans notre relation de voisinage. Du point de vue professionnel, j’ai commencé à intégrer quelques phrases en français dans les cercles de méditation et les collaborations avec Réseau Compassion Network. Même si je ne suis pas encore tout à fait prêt à animer toute une séance de méditation en français, ça s’en vient petit à petit, et le fait d’intégrer quelques mots et phrases est quelque chose d’important.
MF : Comment soutenez-vous vos collègues dans leur apprentissage du français? Pourquoi le bilinguisme est-il important dans le cadre des services que nous fournissons?
SW : J’essaie de soutenir mes collègues en les saluant en français et en les encourageant à me répondre en français sans les juger. L’apprentissage d’une nouvelle langue est difficile et le fait de créer un environnement synonyme de sécurité et de soutien est essentiel. Le bilinguisme est important, car cela facilite la compréhension et l’accessibilité des personnes souhaitant obtenir des services dans la langue qu’elles préfèrent.
AT : Je suis tout à fait d’accord. J’essaie de parler en français avec mes collègues, bilingues ou débutants, dès que l’occasion se présente. Le bilinguisme est essentiel parce que beaucoup de personnes souhaitant obtenir des services à St.Amant préfèrent le français comme première langue. S’assurer que ces personnes se sentent à l’aise et respectées en leur fournissant des services en français est tout autant un engagement envers notre communauté qu’une responsabilité légale.
MF : Quels conseils donneriez-vous à des collègues qui hésitent à apprendre ou utiliser le français au travail?
AT : Nous ressentons toutes et tous cette hésitation au début, mais les erreurs font partie de l’aventure. Laisser de côté la peur d’être jugé est essentiel. Je me suis toujours senti soutenu par mes collègues francophones, qui ont à cœur d’aider et d’encourager. Il existe tellement de ressources : les applications, les vidéos YouTube, les conversations avec des collègues, même le Café de Partage. On apprend bien plus vite qu’on ne le pense quand on communique régulièrement.
SW : Mon conseil est simple : n’hésitez pas, lancez-vous! Osez améliorer vos compétences linguistiques. J’aurais aimé commencer il y a des années de cela. Pratiquer son français avec des collègues est le moyen le plus rapide de gagner en assurance et d’enrichir son vocabulaire. Voir les différents niveaux de progression de mes collègues est source d’inspiration. Il y a toujours quelqu’un à qui demander de l’aide, et vous pouvez vous aussi être ce soutien dont une personne a besoin.
MF : Merci à tous les deux d’avoir fait part de vos expériences et perspectives à l’occasion du Mois de la francophonie. Je vous remercie d’avoir pris le temps de discuter avec moi et je vous souhaite une excellente journée!