23 mai, 2024
Le mois dernier, j’ai eu le privilège de rencontrer Bre Brown pour qu’elle nous raconte certaines de ses aventures au fil des 20 dernières années à St.Amant.
SF : Merci de prendre le temps de discuter un peu avec moi! Parle-moi de ton parcours professionnel avant de travailler à St.Amant.
BB : J’ai commencé à travailler dès l’âge de 10 ans. Mon premier emploi consistait à livrer le Winnipeg Sun tous les jours à 4 heures du matin et j’ai par la suite occupé beaucoup d’emplois très étranges : la construction de toitures, qui m’a permis d’acquérir de nombreuses compétences, le 7/11, j’ai bossé dans des restaurants où j’ai aussi acquis pas mal d’expérience. J’ai par la suite obtenu mon certificat d’aide en soins de santé au Red River College dans le cadre duquel j’ai effectué mon stage à St.Amant. C’est intéressant comment la vie est faite parce qu’au début je ne comptais pas y rester. Les soins infirmiers semblaient être un choix naturel pour moi, mais les liens authentiques que j’ai pu tisser avec les personnes ici ont tout changé.
Tout au long de ma carrière, ce qui a toujours compté le plus à mes yeux c’est ce lien que je noue avec les personnes auxquelles j’apporte mon aide. J’ai réalisé l’importance d’avoir des relations enrichissantes en dehors des heures de service rémunérées, que ce soit avec les amis, la famille ou la communauté dans son ensemble. Ce constat a renforcé mon envie d’aider les autres d’une autre façon et c’est ce qui m’a amené à l’époque à vouloir travailler à St.Amant. J’y ai depuis trouvé un sens et j’éprouve un sentiment d’accomplissement.
SF : On dirait que c’est un point commun entre de nombreux membres du personnel! Alors qu’as-tu fait à St.Amant?
BB : Pendant 15 ans, j’ai fait du soutien direct aux services de santé et de transition. Les relations y étaient très importantes. Voir les gens vivre la vie qu’ils voulaient vivre était tout simplement incroyable. Je recherchais encore plus de ce lien donc j’ai intégré les services de bénévolat et j’ai adoré! Ça consistait à aider les gens à tisser des liens et à se faire des amis, ce qui m’a mené au projet connexions fortes. C’est mon domaine de prédilection!
SF : J’aime te voir comme ça! Je crois bien ne t’avoir jamais vu autant parler!
BB : Je suis introvertie. Je pourrais peut-être vivre seule dans les bois. MAIS, faire partie d’une communauté, c’est important. Et, par ailleurs, être une communauté durable est important. J’ai vécu au centre-ville pendant la pandémie et je travaillais depuis chez moi. Tout le monde était extrêmement isolé et beaucoup de gens vivaient seuls. Il arrivait très souvent qu’en sortant les poubelles je croise un autre locataire, et que cette simple corvée devienne un moment de connexion du fait qu’on appréciait tellement cet échange. D’où mon opinion concernant les connexions fortes. Ce n’est pas que la tâche, mais la signification et le lien derrière tout ça.
SF : Tout à fait d’accord. La pandémie a été un moment difficile, synonyme d’isolement.
BB : Oui, la pandémie a vraiment mis en lumière l’importance de la communauté et des liens, n’est-ce pas ? Assez étrangement, avant même tout ça, mon voisin et moi partagions une voiture depuis deux ans. C’est durant cette période que j’ai vraiment pris conscience de ce que représentent la communauté et l’entraide.
Vivre ainsi m’a fait réaliser que je voulais faire partie d’une communauté où les gens se connaissent, s’entraident et prennent soin des uns et des autres. C’est pourquoi présider le comité me tient tant à cœur. J’imagine une communauté où tout le monde se sent vu, entendu et apprécié pour leur contribution. C’est tout un voyage et je suis déterminée à nous aider à arriver à destination.
SF : Oui, clairement. Quoi d’autre t’inspire à St.Amant?
BB : Je préside aussi le comité sur la diversité et l’inclusion pour la même raison. Je veux que la communauté de St.Amant soit aussi forte que possible. Notre équipe est forte, diversifiée et passionnée. Tout le monde dit la même chose : ce sont les gens qui font que nous restons ici. L’union fait la force. Nous sommes vus, entendus et valorisés au sein de la communauté. J’ai l’impression d’avoir grandi ici. J’ai commencé enfant et me voici maintenant 20 ans plus tard!
SF : À quoi ressemble une journée habituelle?
BB : Je travaille principalement au bureau à présent, donc j’essaye de passer par la porte principale pour dire bonjour aux personnes qui travaillent à l’accueil. On est une équipe hyper soudée! Pour moi, l’important c’est de venir voir par moi-même comment se passent les choses et pas uniquement pour le côté professionnel. Ces derniers temps, il y a une super énergie. On est toujours en train de chercher de nouveaux moyens pour que les gens puissent partager leurs dons et leurs passions avec le monde. On aime échanger et cela suscite un sentiment d’urgence. Ce sentiment est renforcé par notre enthousiasme. Je suis très contente que mon équipe vive cela tous les jours. C’est très passionnant car, et je ne m’y attendais pas, c’est qu’une fois que j’arrêterais de faire du soutien direct cela me manquerait autant.
Je ne m’attendais pas éprouver ce sentiment de deuil, ce processus de deuil lié au manque de connexion. Donc le fait d’être de nouveau connectée est significatif et quand je rentre du travail le soir, j’ai le sentiment d’avoir fait une différence. J’aime rester optimiste et j’apprends autant de mes échecs que de mes réussites. Je pense qu’on oublie souvent qu’on travaille tous pour contribuer à un GRAND changement dans le monde, et c’est parfois étouffant, mais on a toujours confiance en l’avenir et en ce que ces changements progressifs apporteront.
SF : Maintenant que nous connaissons ton « quoi », quel est ton « pourquoi »? Qu’est-ce qui te motive à travailler à St.Amant?
BB : Ce sont les gens. L’idée que nous aidons des êtres humains. Les gens méritent de bien vivre. Je sais ce que c’est d’éprouver le sentiment de ne pas trouver sa place dans ce monde. Ensuite, on finit par trouver l’endroit où on se sent vraiment bien… Je veux simplement que les gens se sentent connectés. Je pense qu’on est programmé génétiquement pour rechercher cette connexion, ce lien avec les autres. Je veux bien entendu avoir un métier que j’aime, mais l’essentiel c’est d’avoir des gens et qu’ils vous connaissent vraiment. Nous vivons pleinement les valeurs ici. Je ne peux pas imaginer ma vie sans St.Amant ou de travailler ailleurs.
SF : Raconte-moi une histoire intéressante, drôle ou inspirante par rapport à ton travail à St.Amant.
BB : Oh, voyons voir. Quand je travaillais en soirée, j’avais monté un club de lecture et je voyais toujours les choses en grand. Je ne pouvais pas me contenter de lire un livre et d’en parler. Une fois, j’avais construit un labyrinthe avec des tapis de protection dans le gymnase pour un de nos clubs de lecture. Ce fut un désastre. Le labyrinthe s’est effondré et on a à peine commencé la lecture du livre. Mais on s’est tellement amusé. Une autre fois, on a fait un feu de camp. Pas dans le bâtiment. À l’extérieur. Et je me suis empoisonnée avec de l’allume-feu.
SF : TU AS BU DE L’ALLUME-FEU?
BB : Non. J’en ai juste inhalé beaucoup parce que j’ai dû utiliser quatre bouteilles pour que le feu prenne. Ensuite, je me suis renversé tout un sceau d’eau sur les chaussures. C’était un peu n’importe quoi. Et une autre fois, c’était pour la Pride Parade de l’année dernière… chaque fois que je me lance dans quelque chose, je ne fais pas les choses à moitié. On a construit un char et on l’a fait ici. Il faisait presque 40 degrés dehors. C’était dégoûtant. Andrew était là et je lui ai dit « Je pense que notre amitié a atteint encore un autre niveau avec toute cette sueur partagée! »
Il y a aussi la fois où, pendant la pandémie, j’ai travaillé pour CRP et un des membres du personnel est passé un soir et m’a dit « on s’est déjà vu quelque part, non? ». J’ai mentionné quelques situations et d’un coup il me dit, « Ça y est, je sais ! C’est ta voix. Je la connais bien! » Et là, il crie « T’es la voix du bingo! » C’était moi la crieuse de numéros de bingo pendant toute la pandémie. C’est ma passion. Quand je serai à la retraite, j’espère bien devenir la meilleure crieuse de numéros de bingo. J’ai même inventé une façon de crier les numéros sur le thème d’Harry Potter.
SF : Bon, tout d’abord, je n’avais demandé qu’UNE histoire. Et pourrais-tu aussi nous faire une petite démonstration de ce bingo à la Harry Potter?
BB : Je sais. Ça fait 20 ans. J’ai beaucoup d’histoires.
SF : Choisis une personne de St.Amant à laquelle tu voudrais faire une dédicace et dis-nous pourquoi?
BB : Il y a tant de personnes! J’aurais dit Tracy la Luke! Elle voit vraiment ce que les gens ont en eux et leur donne une chance en se fiant à leur cœur. Une dédicace aussi à toute mon équipe : Sam et Michelle sont toujours partantes pour tout et n’importe quoi. Même si ça paraît ridicule, elles le font. Ça me motive tous les jours aussi!
SF : Bon, passons à la partie que tout le monde adore : quelle question pouvant susciter des réponses bizarres dans la section des commentaires souhaiterais-tu leur poser?
BB : Qu’est-ce que vous chantez sous la douche quand vous pensez que personne ne vous entendant? Moi, en ce moment, c’est du Queen. Non, c’est la chanson Edamame de bbno$.
*Remarque: j’ai dû vérifier sur Google comment s’écrivait « bbno$ » ET aussi « edamame ». *consternation
SF : OK, oui moi aussi j’adore cette chanson. Merci d’avoir pris le temps de discuter avec moi. C’est toujours très agréable!
BB : Merci, j’ai hâte de découvrir ce que les autres chantent sous la douche!